ALIX DOYEN
artiste plasticienne
médiatrice et programmatrice culturelle
spécialisée en art moderne et contemporain
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J’aborde l’art comme un moyen de raconter des histoires, petites et grandes. Je peux choisir d’être le conteur, vous les auditeurs, habitants, témoins ou acteurs de ce qui se joue entre nous. Chacun crée sa propre définition de l’art et construit son interprétation en fonction de ses intuitions, des connections que l’oeuvre génère alors. La genèse de mon travail se construit autour de ces moments où l’on est témoin de quelque chose: lorsque l’on aperçoit une scène de vie quotidienne à travers une fenêtre d’immeuble alors qu’on marche dans la rue, lorsqu’on est invité chez un ami ou que l’on regarde des images de réunions de familles publiées sur internet. Il y a toujours une certaine distance, un filtre qui se met en place entre nous et notre présentation. Ce sont ces moments où l’on entrevoit une part de réalité qui m’intéressent, et les lieux où surgissent ces brèves de vie: nos espaces domestiques. Il s’agit de parler du lien ténu qui se crée alors avec l’espace d’exposition, espace de représentation publique.
Au travers des opérations que le mobilier subit, je produis de nouvelles formes et matières, de manière à toujours transformer voire inverser l’évidence, par une sorte d’évidement de leur présentation, de leur présence matérielle. La nudité du matériau, la fragilité au travers de la transparence dessinent souvent des associations intuitives de matières premières. Ces rencontres juste posées là semblent déshabillées de leurs atours dans l’attente d’une interaction avec les caprices de la lumière du jour. Alors, les objets débordent de leur statut en racontant l’histoire de leur réactualisation. L’objet est contrarié et reconnaissable, évoquant aussi une narration ou des sentiments, comme émancipé de sa fonction première.
J’utilise ainsi les images de l’étagère, la vitrine, la fenêtre ou encore le cadre et autres supports de présentation comme premiers points d’accroche, que je prénomme «parenthèses», installées entre nous et les objets qu’elles embrassent ou repoussent au quotidien. Je me suis donc naturellement tournée vers la récupération d’objets, de matériaux issus de nos espaces domestiques. Ce sont souvent des objets trouvés, récupérés, qui ont déjà eu une première vie et que je choisis pour leur qualité esthétique ou matérielle, au hasard des trouvailles. C’est par le déplacement et le détournement que le récit se produit, que l’objet aquiert une nouvelle actualité. Il s’agit alors d’interroger la présence de l’objet, en lui ôtant son usage et son point d’accroche. Dans mon travail, je produis des gestes simples : récupérer, déplacer, détourner et reprendre.